5 conseils pour courir avec une personne aveugle ou malvoyante

Chaque année, à l’occasion des 20km de Bruxelles, plusieurs participants se portent volontaires pour courir en binôme, ou en groupe, avec les plus sportifs et les plus motivés des nos bénéficiaires. Mais participer à un événement de cette dimension avec une personne aveugle ou malvoyante, cela ne s’improvise pas.

En mai dernier, Sophie et Louise, employées chez Eqla, ont pris le départ des 20km de Bruxelles accompagnées de Messaouda, l’une de nos membres malvoyante, porteuse de la maladie de Stargardt, qui affecte principalement sa vision centrale. Après 2h40 d’effort, de doutes, d’émotions et un passage triomphant sous les arcades du Cinquantenaire, elles partagent leur expérience à travers une série de conseils qui vous permettront de vous lancer, sereinement, dans cette incroyable aventure humaine.

1 | Connaître la personne que l’on accompagne et ses besoins.

C’est une réalité : les agendas surchargés rendent souvent difficile la programmation de séances d’entraînement avec la personne que vous allez accompagner. Malgré cela, connaître la personne, ses attentes et ses besoins spécifiques est primordial. De quoi aura-t-elle besoin pour vous suivre ? Un lien physique ? Un maillot d’une couleur flashy ? A-t-elle besoin d’être guidée à la voix, d’être encouragée ou préfère-t-elle rester dans sa bulle ? Ce sont des éléments à discuter en amont pour être prêts le jour J. Plus vous aurez l’occasion de faire des kilomètres de préparation ensemble, plus vous prendrez du plaisir le jour de la course.

2 | Anticiper les obstacles potentiels.

Flaques, branches basses, crottes de chien, trottoirs irréguliers, obscurité soudaine des tunnels… Autant d’obstacles que l’on contourne instinctivement… lorsque l’on est voyant ! Ces obstacles doivent être annoncés plusieurs mètres à l’avance, pour laisser le temps à la personne de réagir.

N’hésitez pas non plus à signaler les changements de revêtement sous vos pieds, comme l’apparition de pavés ou de rails de tram… voire les 2 en même temps lorsque vous traversez la Place Royale.

3 | Considérer et gérer les autres coureurs

En 2025, ce sont près de 50.000 coureurs et marcheurs qui se sont présentés dans un des box de la ligne de départ. Un succès populaire qui n’est pas sans conséquences pour les coureurs déficients visuels et l’ensemble des participants pour lequel le handicap n’est pas nécessairement identifiable. Entre les joëlettes qui dépassent par la droite, les coureurs en quête de chrono qui slaloment à travers la foule, c’est un peu la jungle. En partant du box handisport une demi-heure avant les valides, attendez-vous à vous faire rapidement rattraper par une impressionnante marée humaine. Veillez à bien verbaliser les potentiels obstacles et à assurer un cordon autour de la personne pour garantir sa sécurité. Faites particulièrement preuve de vigilance lors des ravitaillements – entre les gobelets jetés au sol et les changements de vitesse, c’est vite la cohue.

4 | Respecter les limites et le plaisir de chacun.

En accompagnant une personne aveugle ou malvoyante lors d’une course, n’oubliez pas que l’objectif premier est que cette personne franchisse la ligne d’arrivée, pas d’exploser votre record personnel. Dans la mesure du possible, essayez de définir en amont un rythme sur lequel se caler, tout en restant à l’écoute de la personne que vous accompagnez.

Cette course-ci n’alimentera peut-être pas votre égo avec un chrono, mais vous vivrez une expérience humaine qui dépassera vos records personnels. Et promis, vous aurez quand même quelques kudos sur Strava.

5 | Prendre du plaisir

Autant la course à pied peut être considérée comme un sport individuel, participer aux 20km de Bruxelles est un véritable défi collectif. Les encouragements des supporters vous porteront tout au long du trajet et vous pousseront jusqu’à la ligne d’arrivée. En partant du box handisport vous serez même aux premières loges pour voir les élites vous dépasser… mais n’essayez pas de les suivre.

Communiquer, anticiper, sécuriser, respecter et profiter : voilà les cinq maîtres-mots d’une course réussie. Que vous soyez guide ou guidé, cette aventure humaine, c’est du plaisir à chaque foulée.

Allez, on file s’entraîner!

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