Découvrez le goalball avec Ibrahim
Ibrahim est non-voyant de naissance, mais quand il joue au Goalball, ça ne se voit pas. Découvrez ce sport paralympique créé pour les personnes déficientes visuelles, mais ouvert à tous, à travers son témoignage.
Chargé de communication et porte parole
Ibrahim, d’où t’est venue l’envie de pratiquer ce sport ?
C’est venu assez tard. J’avais déjà des cours de gym à l’école, et comme j’étais dans une école spécialisée, j’ai vite été amené à faire du vélo en tandem. Ensuite, j’ai découvert le Torball – une version allemande et un peu différente du sport que je pratique actuellement. Mais ce n’est qu’à 26 ans que j’ai commencé avec le Goalball.
Le Goalball, c’est quoi ?
C’est un sport avec un ballon qui a la taille d’un ballon de basket, mais qui pèse 1,25 kg. Ce ballon est muni de clochettes, à l’intérieur, qui permettent de le repérer quand on le lance sur le terrain long de 18 mètres avec 9 mètres de large. C’est l’équivalent d’un terrain de volleyball. Dans le Goalball, on joue à 3 contre 3. Chacun a sa zone. L’attaquant a sa zone qui s’étend de 0 à 6 mètres. Le défenseur va aussi évoluer sur 6 m. Le but du sport, c’est de marquer des buts en veillant à ne pas dépasser ces zones. Et au milieu, il y a une zone « neutre » entre 6 et 12 mètres. Quand je cours, je n’ai le droit de courir que jusqu’à 6 mètres. Si j’ai trop d’élan et que je dépasse cette zone, c’est faute.
La notion d’espace est donc très importante. En tant que non-voyant, comment fais-tu pour te repérer ?
Chacun des 3 joueurs a son poste, mais heureusement, il y a des repères. Au sol, des cordes permettent de délimiter chaque zone. D’autres cordes (horizontales ou verticales) indiquent la distance : 1 mètre, 3 mètres, 6 mètres… Ces cordes sont des indicateurs tactiles : on peut les toucher avec les pieds et donc facilement savoir où on se situe. En tant que défenseur, je dois écouter le ballon et le défendre avec mon corps. Pour savoir si c’est un ballon bondissant, droit ou croisé, je dois constamment analyser les sons du ballon.
Pour savoir si c’est un ballon bondissant, droit ou croisé, je dois constamment analyser les sons du ballon.
Ibrahim Tamditi, joueur de Goalball
L’histoire du goalball
Imaginé en 1955 dans un centre de réadaptation pour blessés de guerre, ce sport est dérivé du Torball et initialement réservé aux déficients visuels. Discipline paralympique, le goalball se joue essentiellement au sol. Il exige une attention extrême et implique de faire confiance à ses coéquipiers. Il requiert aussi une très bonne capacité de localisation dans l’espace. Il existe aujourd’hui 2 compétitions européennes et 2 mondiales.
Les règles du jeu
L’objectif est de marquer un maximum de buts en faisant rouler un ballon sonore (1,25 kg) dans le but opposé. Chaque équipe est composée de 3 joueurs qui sont, tour à tour, défenseur et attaquant. Durant un match, les joueurs utilisent tout leur corps pour arrêter le ballon et ne peuvent pas parler entre eux. Les équipes s’affrontent sur un terrain de 18 sur 9 mètres, soit un peu plus grand qu’en Torball. Une compétition de Goalball dure 2 x 12 minutes, avec une pause de 3 minutes entre les deux.
Est-ce que c’est un sport physique ?
Oui, c’est très physique. En théorie, un match dure 2 fois 12 minutes. Mais à chaque fois qu’une faute est commise, que le ballon sort ou qu’il y a un temps mort, le chrono s’arrête. En pratique, un match dure donc entre 45 et 50 minutes. C’est donc très physique, parce qu’il faut aller au sol, défendre le ballon avec son corps, courir vite, revenir à sa place, etc. Au moment où le ballon entre en contact avec toi, tu n’as que 10 secondes pour le lancer. Si le ballon reste en ta possession plus longtemps, c’est aussi une faute… Et alors, tu dois défendre le terrain tout seul.
Dix secondes de possession de balle, une concentration de tous les instants, une balle qui pèse 1,25 kilos… La vitesse, ça fait aussi partie du jeu ?
Si tu lances la balle avec beaucoup d’élan, elle peut atteindre une vitesse de 100 km/h. Le ballon met donc 2 secondes pour traverser le terrain. Mais souvent, on préfère jouer avec des ballons bondissants parce que c’est moins prévisible. Même si tu entends où se trouve le ballon, ça ne l’empêche pas de passer au-dessus de toi. Ça rajoute un peu de piment !
Le Goalball est encore peu connu. Pourquoi ?
C’est un sport très peu connu en Belgique – contrairement au Cécifoot auquel les gens s’identifient plus facilement – parce qu’il a des racines américaines. Chez nous, c’est le Torball – plus soft et d’origine allemande – qui s’est développé en Europe. La différence, c’est que le Goalball est reconnu comme un des sports paralympiques. C’est donc un sport qui donne la possibilité aux futurs joueurs d’entrer dans l’équipe nationale, de défendre nos couleurs à l’international et de participer aux Jeux Paralympiques de Paris en 2024.
Combien existe-t-il de clubs en Belgique ?
En Belgique, on a une dizaine de clubs dont la plupart sont néerlandophones. Il y a des clubs à Anvers, à Bruges, mais étonnamment, il n’y a pas de club à Liège, ni à Namur… Et même s’il y a la volonté de créer un club à Mons, le seul club francophone du pays est à Bruxelles. C’est l’Ha. Vi. 2, dans lequel joue Kilson Malpreni, considéré comme un des meilleurs joueurs de Goalball au monde.
Ton club, le Ha. Vi. 2, est très dynamique. Tu participes parfois à des tournois ?
Notre club a déjà organisé un tournoi féminin en 2018, mais pour la première fois, nous organisons un tournoi international masculin. Le « Segel » qui se veut l’équivalent de la Champion’s League de football… Ces 6 et 7 août, nous allons accueillir les deux meilleurs clubs de Lituanie (c’est la référence dans le milieu), de Finlande, d’Angleterre, du Danemark et d’autres pays. Il y a deux pools : le Nord et le Sud. Nous, nous sommes le meilleur club de Belgique. Pendant deux rencontres, on essaiera de se qualifier pour la finale qui aura lieu en octobre, au Portugal.
Initialement, le Goalball a été créé pour les personnes aveugles et malvoyantes. Est-ce un sport accessible aussi aux voyants ?
Oui, les voyants peuvent aussi en faire l’expérience. D’ailleurs, par souci d’égalité, tous les joueurs portent un cache opacifiant sur les yeux. Le seul souci, c’est que le joueur voyant n’a pas le droit de représenter la Belgique lors de compétitions internationales. Il y a plusieurs classifications (de B1 à B3) selon que tu sois aveugle, malvoyant ou que tu vois un peu. Mais quand tu es B4, et donc voyant, tu peux jouer en club et tu es plus que le bienvenu, mais tu ne peux pas faire partie de l’équipe nationale.
En savoir plus sur les sports adaptés aux personnes aveugles ou malvoyantes ?
Faire du sport tout en étant déficient visuel, c’est tout à fait possible. Il existe toute une série de sports dont les règles ont été adaptées pour pouvoir être pratiqués par des personnes en situation de handicap. Certains sports ont même été pensés spécifiquement pour les personnes déficientes visuelles.
Curieux ? Rendez-vous sur notre section Sport et handicap visuel pour découvrir quels sports peuvent être pratiqués, en toute sécurité, par les personnes déficientes visuelles. L’inclusion des personnes en situation de handicap, cela passe aussi par la pratique sportive.