Accessibilité numérique : les sites publics belges sont à la traîne

À partir du 23 septembre 2020, tous les sites internet du secteur public doivent être accessibles aux personnes en situation de handicap, même les plus anciens. Or, ce n’est toujours pas le cas… Dans une vidéo de sensibilisation, les associations Eqla et Passe-Muraille dévoilent – images à l’appui – 5 pièges récurrents auxquels sont confrontés les internautes porteurs de handicap.

Quand on pense à l’accessibilité, on pense généralement aux problèmes liés à la mobilité. Mais qu’en est-il de l’accessibilité numérique ? La période de confinement que l’on vient de vivre a mis en exergue les difficultés rencontrées en ligne par les personnes porteuses de handicap. Que ce soit pour remplir une démarche administrative ou pour simplement rechercher une information, elles sont souvent confrontées à une série d’obstacles insoupçonnés et invisibles… sauf pour les 15 % de la population qui souffrent d’un handicap visuel, auditif, cognitif ou moteur.

En effet, la grande majorité des sites web du secteur public n’atteint pas l’objectif d’accessibilité numérique, pourtant imposé par la directive européenne UE 2016/2012 transposée dans la loi belge. Depuis le 23 septembre 2020 et suite à la mise en application de cette directive dans tous les Etats membres, l’ensemble des sites internet du secteur public, même les plus anciens, doivent être accessibles à toutes les personnes en situation de handicap.

La Belgique : un mauvais élève qui doit s’améliorer

En collaboration avec l’asbl Passe-Muraille, Eqla a passé à l’épreuve du test une série de sites web publics : de la recherche des horaires d’ouverture d’un service communal à l’agenda électronique de la Ville de Bruxelles, en passant par le formulaire d’inscription sur le site du TEC, tous présentent des failles d’accessibilité qui rendent la navigation et, surtout, les démarches administratives « les plus simples » extrêmement compliquées, voire impossibles.

Dans une vidéo de sensibilisation, les deux associations dévoilent 5 pièges récurrents auxquels sont confrontés  les internautes porteurs de handicap. La vidéo présente le témoignage de Bruno, formateur en nouvelles technologies chez Eqla et déficient visuel, qui perd doucement pied dans un environnement numérique
essentiellement visuel.

« Les personnes à besoins spécifiques doivent pouvoir utiliser un site web aussi vite que quelqu’un qui surfe avec sa souris et ses yeux. Elles doivent avoir accès à toutes les fonctions. Or, ce n’est pas toujours le cas… Accéder à un calendrier, remplir un formulaire d’identité, recharger sa carte de transports en commun devient presque mission impossible pour les personnes porteuses de handicap », explique Serge Denis, expert en accessibilité numérique auprès de l’asbl Passe-Muraille.

Pour un web plus inclusif

À l’heure où les réservations en ligne pour les activités culturelles et de loisirs sont devenues la norme, et où le télétravail est présenté comme une opportunité pour réduire les inégalités liées aux handicaps et expérimenter de nouvelles relations au travail plus égalitaires et inclusives, les retards accumulés par la Belgique dans ce domaine restent inquiétants.

« L’accessibilité numérique et la sensibilisation au handicap restent des problématiques mal considérées dans les services publics et les entreprises. Contrairement à la France, il n’existe pas de référentiel officiel et objectif en Belgique – tourné vers les utilisateurs – pour mesurer l’accessibilité des sites web. Les organismes mandatés pour auditer les sites web publics ne sont pas équipés, comme le prévoit le décret européen. Pourtant, rendre un site internet accessible est loin d’être une mission impossible ! Mais pour cela, il faudrait d’abord inscrire l’accessibilité au programme des cours de codage, de web design et de communication », soulève Harielle Deheuy, chargée de projet nouvelles technologies chez Eqla. Et Harielle Deheuy et Serge Denis d’insister : « Ce n’est pas les sites qu’il faut labelliser, mais les professionnels du numérique. »