Eléonor Sana : un CV bien rempli

Médaillée en ski paralympique et chroniqueuse TV, Eléonor Sana, 24 ans, est une force de la nature. Elle vient de terminer la formation BlindCode d’Eqla. Rencontre avec une jeune femme qui ne veut pas laisser son handicap dominer sa vie.

Personne ne se doute que tu vois mal. En réalité, comment vois-tu ?
Je suis atteinte d’un cancer qui décolle ma rétine. Je vois comme si une personne sans problème de vue regardait à travers un sachet de céréale. Je me déplace souvent seule dans les endroits que je connais. Par contre, quand je découvre de nouveaux lieux, je préfère être accompagnée par mon compagnon ou par mes proches. Je suis une adepte des trottinettes même si ce moyen de locomotion inquiète mes proches. Mais je ne veux pas me renfermer dans mon handicap. Je suis autonome et je veux le rester.

Comment a-t-on découvert que tes yeux étaient différents de ceux des autres enfants ?
Dès ma naissance, je ne voyais rien. Et quelques mois plus tard, mes parents inquiets de ne pas voir de réactions lorsqu’ils me montraient les étoiles dans le ciel ou qu’ils voulaient me prendre dans leurs bras, m’ont emmenée à l’hôpital. C’est donc assez rapidement, après ma naissance, que j’ai été diagnostiquée aveugle. En réalité, il s’agit d’un rétinoblastome. Un cancer qui atteint généralement les jeunes enfants. Ce cancer, j’ai fini par lui donner un nom : Robert. Ça m’a aidé à l’apprivoiser… Après plusieurs opérations, j’ai récupéré une vision minime mais qui pour moi est une vision nette, vu que je n’ai jamais connu que celle-là.

Ce cancer, j’ai fini par lui donner un nom : Robert. Ça m’a aidé à l’apprivoiser…

Comment le ski a fait de toi une championne ?
J’ai toujours pratiqué énormément de sports. De la danse, de l’escalade et surtout de la gymnastique. Étant compétitrice dans l’âme, je participais à beaucoup de compétitions toujours encouragée et soutenue par mes parents. Le problème avec la gymnastique, c’est que j’avais des difficultés avec la poutre, ce qui me faisait perdre des points mais surtout, qui me faisait chuter aussi bien au sol que du podium. C’est en voulant me lancer dans un nouveau sport, qu’à mes 17 ans, je me suis lancée dans le ski… sur les conseils d’organisateurs de camps pour les enfants atteints de cancer. Mais pour skier, j’ai besoin d’un guide. C’est comme ça qu’on a demandé à ma sœur de jouer mes yeux lors des descentes de ski. Au fil des compétitions et des entrainements, je suis devenue une athlète paralympique ce qui m’a permis de combiner l’école et le sport. En quelques mois, avec ma sœur, nous avons décroché différents titres au championnat du monde et d’Europe et nous avons également obtenu la médaille de bronze aux Jeux paralympiques 2018.

Pourquoi avoir choisi de suivre la formation BlindCode ?
Mon accompagnatrice Eqla m’a contactée pour me dire qu’Eqla venait de lancer une nouvelle formation sur le codage. Un monde de geeks dans lequel je ne me voyais pas m’épanouir. C’est mon papa qui m’a convaincue de tenter l’aventure ! Suivant souvent ses conseils, je m’y suis rendue sans réelle envie au départ mais la qualité des cours et la réactivité des enseignants m’a permis de finir cette formation dans laquelle je me sens aujourd’hui totalement épanouie. Cela dit, les débuts n’ont pas été faciles car on m’a découvert récemment un syndrome appelé « Sjogren » ce qui m’a fait rater les premières semaines de cours. Mais Eqla a vite mis en place des cours de rattrapage qui m’ont permis de raccrocher le train en marche. Aujourd’hui, je suis officiellement devenue codeuse.

Le handicap fait toujours partie de ma vie et je sens, lors des entretiens d’embauche, que cela fait peur aux employeurs. J’ai envie de leur dire que je vis comme tout le monde !

Tu viens de finir tes stages. Comment vois-tu ton avenir ?
Le handicap fait toujours partie de ma vie et je sens, lors des entretiens d’embauche, que cela fait peur aux employeurs. J’ai envie de leur dire que je vis comme tout le monde et que, comme mes parents l’ont toujours dit, je m’adapte à toutes les situations. Je suis capable de travailler. Je ne demande pas plus d’attention. Je suis donc à la recherche d’un travail dans le codage. J’ai suivi la formation Python et Java Script. Si vous connaissez des entreprises près de Mont-Saint-Guibert à la recherche d’une personne dynamique, souriante et professionnelle, n’hésitez pas à me mettre en contact avec eux !