La canne connectée : une aide à la locomotion et à l’autonomie ?

Capteurs à ultrasons et à infrarouges, GPS, guidage par sons spatiaux… Depuis quelques années, plusieurs modèles de cannes connectées se dotent de technologies de pointe, destinées à fluidifier les déplacements en ville des aveugles et des malvoyants. Pendant un mois, Eqla a testé la canne WeWalk. Voici nos impressions.

Inventée en 1921 par James Biggs, un photographe britannique résidant à Bristol, qui a perdu la vue à la suite d’un accident, la canne blanche est utilisée partout dans le monde par les personnes déficientes visuelles pour se déplacer avec plus d’autonomie. Mais depuis quelques années, de nouveaux modèles tentent de se faire une place sur le marché. Connectées à un smartphone, ces cannes dites “intelligentes” se doteraient de superpouvoirs permettant aux aveugles de percevoir leur environnement de manière plus détaillée. Mais entre la pratique et l’ivraie, qu’apportent-elles de plus ? Comment les utilise-t-on ? Et surtout, valent-elles l’investissement ?

Plusieurs entreprises proposent des cannes connectées. Parmi les modèles disponibles en Europe, citons l’UltraCane, Sherpa ou encore Rango. Chacune a ses particularités, ses qualités et ses défauts, mais toutes peuvent être fixées sur une canne blanche traditionnelle. Leur but : permettre à l’utilisateur de percevoir et d’éviter les obstacles qu’il croise. Parmi les jeunes pousses actives dans ce secteur, WeWalk, une start-up basée à Londres et à Istamboul, a créé une “canne intelligente” qui, associée à une application pour téléphone portable, utilise des capteurs pour détecter ce qui se trouve devant elle. La société est dirigée par une personne aveugle qui a directement participé à la création de l’outil.

Par curiosité, Ibrahim, formateur en Nouvelles technologies chez Eqla, a pu la tester pendant un mois. C’était sa première expérience avec ce type d’outil. Retrouvez ses impressions dans cette vidéo : https://youtu.be/p487vV9dqDI

Comment ça fonctionne ?


En pratique, la canne WeWalk se compose d’un boîtier connecté (250 g) qui se clipse sur toutes les cannes blanches. Grâce à un couplage par Bluetooth avec votre smartphone et son GPS intégré, la canne peut localiser un parcours et transmettre les indications via des commandes vocales, soit via son haut-parleur intégré, soit via vos écouteurs. Connectée à Internet, elle interagit directement avec les réseaux de transport pour indiquer l’arrêt de bus où l’usager veut descendre. Dans la rue, elle vous donne des informations locales : elle repère les commerces, les restaurants, les lieux publics, un passage pour piétons, un croisement ou les arrêts et les gares à proximité. Elle vous donne surtout des indications en temps réel sur votre position et la manière d’y accéder. Une boussole intégrée permet même de fournir des indications encore plus précises : au lieu de dire “tournez à gauche”, elle dira “tournez à 11 heures”.

Des vibrations pour avertir des obstacles


Équipée de capteurs à ultrasons, la canne détecte aussi les obstacles tels que les voitures en stationnement, les sacs poubelle, les poteaux ou les objets situés au-dessus du niveau de la poitrine, comme les branches basses. Lorsque la canne détecte un obstacle, elle envoie une vibration rapide à la main de l’utilisateur. “Il faut s’y faire un peu au début, confie Ibrahim, notre testeur, mais ça devient rapidement un indicateur complémentaire. C’est surtout utile pour les obstacles en hauteur.” En fonction de la vitesse du marcheur, la canne peut détecter des objets jusqu’à 1,5 mètre de distance.

Notre verdict


Alors que nos rues sont de plus en plus envahies par des trottinettes électriques, des vélos, des poubelles ou encore des barrières de chantier, la canne WeWalk permet de sécuriser encore plus les déplacements des personnes déficientes visuelles équipées d’une canne blanche. Avec un peu de pratique, elle peut agir comme un bouclier virtuel. Surtout pour les obstacles à mi-hauteur. Si certaines fonctionnalités restent perfectibles, on apprécie beaucoup son système de guidage – fiable et intelligent. Mais attention : la canne WeWalk ne s’adresse pas aux débutants. Il faut, au préalable, avoir suivi une formation aux techniques d’utilisation d’une canne blanche de locomotion.

Reste que l’outil n’est pas accessible à toutes les bourses : il coûte relativement cher (550 EUR au prix plein) et n’est pas remboursé par la sécurité sociale ni subsidié par l’AViQ.

Plus d’infos : https://wewalk.io/

Eqla n’a pas de webshop, ne vend pas ce type de matériel et ne retire aucun bénéfice des ventes de cette canne. L’article et le reportage ne sont diffusés qu’à titre d’information.