Comment Carrefour rend son hypermarché d’Auderghem plus accessible aux personnes non et malvoyantes
En collaboration avec le fournisseur d’appareils d’assistance SeedGrowth Accessibility et Eqla, Carrefour Belgique a lancé au mois de mai un projet pilote de six mois dans l’un des hypermarchés le plus fréquenté de la capitale, celui d’Auderghem. L’objectif : rendre le parcours client plus accessible aux personnes avec une déficience visuelle et leur faciliter l’accès aux produits les plus souvent recherchés.
Chargé de communication et porte parole
Comment fonctionne le code Navilens ?
Dans la pratique, les équipes du Carrefour d’Auderghem ont balisé les rayons de l’hypermarché et étiqueté plus de 1700 produits d’un QR code spécial, appelé NaviLens. « Grâce à cette technologie, les personnes aveugles et malvoyantes peuvent se localiser dans le magasin, retrouver le rayon et le produit qui les intéressent… ainsi que recevoir une série d’informations utiles comme son prix, son étiquette alimentaire, ses informations nutritionnelles et la durée de conservation », explique Amaury Marchandise, fondateur et Managing Director de la société Seedgrowth.
Par rapport au code QR classique, un code NaviLens présente le grand avantage de pouvoir être lu à distance, avec un angle allant jusqu’à 160°, quelles que soient les conditions d’éclairage. Résultat : tout en se déplaçant, et sans avoir besoin de viser le code avec son smartphone, les personnes aveugles et malvoyantes accèdent en 0.03 secondes aux informations sur le produit recherché.
Navilens testé par les membres d’Eqla
Au mois d’avril, plusieurs membres d’Eqla ont testé en exclusivité l’application NaviLens et la nouvelle signalétique numérique dans le Carrefour d’Auderghem. Aveugle depuis dix ans, Chris, formateur des Clubs « Nouvelles technologies » d’Eqla s’engage dans les allées du magasin Carrefour. Sa canne blanche dans une main, son smartphone dans l’autre, il balaie les différents rayons du magasin à la recherche des QR codes.
« J’ai l’habitude de faire mes courses dans un petit magasin où, généralement, je me fais accompagner par une employée. Elle m’aide à trouver les produits de ma liste d’achats, explique-t-il. Mais ici, je suis en territoire inconnu ». Chris ne connaît pas le magasin. Il ne connaît pas non plus le personnel. Alors, l’oreille attentive, il se fie aux informations fournies par la voix de synthèse de l’application.
Il y a encore deux-trois choses à améliorer, dans les années à venir, ce type de système va certainement se développer
Chris Alexandre, testeur
« Les lignes guides au sol, c’est super important pour qu’on puisse se diriger. Or ici, on a parfois du mal à les distinguer. Mais l’appli, elle, est très réactive. » Après quelques minutes, Chris parvient à trouver le flacon de lessive qu’il souhaite acheter. Et de conclure, lucide : « Certes, c’est un projet pilote. Il y a encore deux-trois choses à améliorer, dans les années à venir, ce type de système va certainement se développer. Et pour autant que l’on maîtrise les nouvelles technologies, oui, cela pourrait en effet améliorer l’autonomie des personnes déficientes visuelles. »
Malvoyant, Jérôme, lui, est parti à la recherche de croissants. « Faire ses courses dans un endroit qu’on ne connaît pas, c’est toujours le parcours du combattant. Soit on se rend dépendant de quelqu’un, soit ça prend une éternité pour se repérer. Ici, j’ai pu trouver mon produit en 5 minutes. Sans demander d’aide à personne. Et rien que ça, c’est déjà un gain énorme en termes d’autonomie. »
Un projet pilote qui pourrait faire des émules
Ce projet innovant a été dévoilé le 27 mai en compagnie de personnes aveugles et malvoyantes, de Karine Lalieux (ministre chargée des Personnes Handicapées), de Gwendolyn Rutten (ministre de l’Égalité des Chances), de Geoffroy Gersdorff (CEO de Carrefour Belgique) et de la presse. Une première en Europe à laquelle Eqla a été associée de près.
Expérimentée en grande surface, cette technologie pourrait également assurer une meilleure accessibilité des personnes déficientes visuelles dans l’espace public, dans les transports en commun, aux gares ferroviaires, dans les administrations, dans certaines entreprises, dans les hopitaux et dans les lieux culturels.
Cela dit, si la technologie reste une piste pour faciliter l’inclusion, elle ne règle pas tous les problèmes. Raison pour laquelle, Eqla a organisé des sessions de formation du personnel en magasin à l’accueil et à l’accompagnement des clients déficients visuels. Par ailleurs, deux journées de sensibilisation ont été organisées par nos soins, pour les clients du magasin, les 31 mai et 1er juin. Et, ça aussi c’est une première : du 27 mai au 8 juin, le Carrefour d’Auderghem a organisé un arrondi en caisse au profit d’Eqla.