Comment faire de la course à pied quand on est aveugle ou malvoyant ?

Chris et Claire, sa partenaire de course, devant la maison.

Malgré leur déficience visuelle, les personnes aveugles et malvoyantes peuvent pratiquer de nombreuses activités sportives, seules ou accompagnées, en club ordinaire ou adapté. Rencontre avec Chris, non-voyant, et Claire, sa guide de course, qui pratiquent le running en duo. 

Chris, 48 ans, vit à Louvain-la-Neuve. Il est devenu non-voyant à cause d’une rétinite pigmentaire. Très actif dans la vie, il est formateur au sein des clubs Nouvelles technologies d’Eqla. Mais sur son temps libre, ce qui le passionne, c’est le running. « Cela fait environ un an que je pratique le running, confie Chris. A priori, ce n’est pas un sport qui est accessible aux personnes porteuses de déficience visuelle. J’ai d’abord commencé à m’entraîner avec Jasper, mon chien guide, mais assez rapidement, j’ai préféré faire appel à des binômes humains. Désormais, je suis toujours accompagné d’une personne voyante que je tiens par la main pour mes entraînements et mes courses. Elles viennent me chercher devant la porte, m’emmènent courir et me raccompagnent chez moi. C’est l’une des raisons qui m’ont poussé à m’inscrire en club. »

Chris et Claire pratiquent le running en duo.

La course en autonomie pour un déficient visuel, c’est possible, à condition d’être déjà très mobile et bien équipé. D’aucuns parviennent à courir uniquement avec un GPS et une canne. D’autres préfèrent un chien guide. Mais la méthode la plus sûre consiste à courir en binôme avec un accompagnateur. Ce jour-là, c’est Claire, 56 ans, qui l’accompagne. « Courir en binôme avec une personne déficiente visuelle, bien sûr, ça nécessite une attention particulière mais ça donne aussi de l’énergie. En tant que guide, mes partenaires sont mes invités. J’adapte mon rythme au leur et nous définissons ensemble le parcours », explique Claire.

Claire donne des informations orales à Chris, par exemple pour anticiper un virage.Trois entraînements par semaine

En s’entraînant trois fois par semaine avec son binôme, Chris court environ 120 km par mois. Ce jour-là, tous deux courent tranquillement côte à côte en veillant à l’opposition des bras et des jambes, de sorte que leurs bras se balancent toujours dans la même direction, de manière synchronisée. C’est grâce à ses mouvements et à des instructions verbales, que Claire peut guider son protégé.

« Je suis particulièrement attentive au revêtement du sol, au relief, aux obstacles éventuels, explique Claire. Je veille aussi à annoncer les choses suffisamment tôt, comme les virages, les montées ou les feux rouges, pour que mon binôme puisse les anticiper. » De son côté, Chris est particulièrement réceptif aux mouvements corporels de sa guide. « Certains préfèrent être reliés par une petite cordelette qu’ils tiennent chacun à une extrémité, mais nous, on se tient main dans la main. Comme ça, j’ai directement des informations corporelles de ma partenaire de course, en plus des informations orales qu’elle me donne tout le long du parcours », explique Chris.

Chris et Claire dans les rues de Louvain-la-Neuve.

Courir malgré le handicap

À force de s’entraîner, Chris a pu participer aux 20 km de Bruxelles cette année. Et ce, malgré sa cécité. Une vrai défi sportif, mais surtout l’occasion de transmettre un message d’encouragement à toutes les personnes avec une déficience visuelle. Par sa démarche, Chris souhaite prouver que le sport reste accessible malgré le handicap. « J’aimerais encourager les gens à courir, quel que soit leur handicap visuel ou leur capacité », confie-t-il. « Courir est un moyen très simple et constructif pour nous tous de rester actif, en bonne santé et bien dans sa peau. Ce que m’apporte ce sport, c’est un épanouissement aussi bien psychologique que physique. Il suffit de commencer pour se rendre compte à quel point ça peut changer votre vie ! »